J’ai dû tirer la « plug ». Tout lâcher. Cela faisait déjà deux années que je surfais sur la vague en tentant de me sortir la tête de l’eau, mais la troisième a été celle de trop. Celle où je me suis perdue en chemin, celle où j’ai perdu de vue ce qui était le plus important : mon bien-être.
Un soir, en revenant du travail, les yeux cernés et le cœur lourd, mon chum me rejoint dans l’entrée et me dit que c’est assez. Que je ne suis plus moi. Que je n’ai plus de patience et d’énergie pour nos enfants. Que je dors tous les soirs à 19 h parce que je tombe de fatigue. Qu’on n’a plus aucun soir ensemble. Qu’il faut que je prenne une pause de mon travail et que je ne recevrai pas de médaille même si je réussis à terminer l’année.
Ça me rentre dedans. Le message était clair. Il faut dire que, depuis le mois de décembre, mon médecin m’avait conseillé de prendre une pause et que j’avais refusé. Je faisais de l’anémie à ce moment-là et je croyais qu’avec un peu de fer, j’allais revenir sur le piton. Ça n’a pas été le cas… S’en est suivi une série de séances en psychothérapie ainsi que la prise de médication. Malgré tout, début mai, c’en était trop pour mon conjoint et, sans m’en rendre compte, s’en était devenu trop pour moi aussi, depuis trop longtemps.
Par orgueil, j’avais voulu rester. Je voulais y arriver et réussir à terminer cette année difficile. Boucler la boucle. Sauf que cela signifiait aussi de m’abandonner en priorisant mon travail plutôt que ma famille et ma santé mentale. Par orgueil, je ne voulais pas laisser tomber mon équipe, mes directions et surtout mes élèves. Comme il est difficile de sentir la tristesse ou la déception des autres face à notre propre échec.
Avec plus d’un an de recul, je vois maintenant cet arrêt comme étant un moment de réflexion plus que nécessaire et non comme un échec. Cette pause m’a permis de me repositionner quant à mes choix de vie et mes priorités. J’ai changé de métier afin de me libérer de la grande charge mentale reliée à mon travail. J’ai aussi choisi de travailler de chez moi pour être présente au départ et à l’arrivée de mes enfants pour l’école. Le temps que mes enfants ont le plus besoin de moi, j’ai envie d’être disponible physiquement, mais surtout psychologiquement pour eux. Être maman est le plus beau rôle du monde, mais aussi le plus exigeant.
Ce fût une décision difficile à prendre, car malgré les défis, j’adorais et j’adore toujours la profession d’enseignante. J’ai toutefois décidé de ME choisir. J’ai maintenant de l’énergie pour m’impliquer dans les causes qui me tiennent à cœur et même pour des cours de danse alors, qu’auparavant, cela aurait été impossible pour moi d’avoir suffisamment d’énergie pour ça. Je suis peut-être moins « challengée » professionnellement, mais cela me permet de retrouver ma créativité et de renouer aussi avec ma passion pour l’écriture. Je redécouvre une facette de moi-même que j’avais malheureusement laissée de côté faute de temps, faute d’énergie.
Parfois, il faut tout lâcher. Tout lâcher, pour mieux remonter.